Guinée - Dernière ligne droite pour le projet Eau potable de Maci

En 2018, Aquassistance a été sollicitée par l’antenne guinéenne de l’association Women Of Africa pour un projet d’adduction en eau potable de plusieurs localités de la commune de Maci. Après une première mission d’expertise, et une fois la recherche de financement effectuée, le projet est lancé. Deux localités de Maci, Ley Thangué et Maci-Centre, verront les PMH*, qui équipent leurs forages, remplacées par des pompes alimentées par des panneaux solaires, la construction de châteaux d’eau et la mise en place de réseaux de distribution d’eau potable via des bornes-fontaines.

Plusieurs évènements retardent la construction du projet comme la crise du covid ou des retards d’approvisionnement de matériel. Ce n’est donc qu’en décembre 2024 que les travaux sont finalisés.

Deux bénévoles d'Aquassistance, Christian Sanguinet et moi, Marie Bonhomme, sommes alors envoyés avec des bénévoles de Women Of Africa Guinée (WOAG) pour :

• effectuer la réception provisoire des travaux,

• former les plombiers sur place afin qu’ils puissent réparer les infrastructures construites ou repérer les dysfonctionnements plus facilement,

• former et appuyer les comités de gestion dans la finalisation de leur organisation,

• aider les conseillères à l’hygiène des deux comités de gestion à lancer la sensibilisation au bon usage de l’eau et aux bonnes pratiques d’hygiène et santé des usagers.

Comme prévu par la législation guinéenne, en milieu rural, le Service National des Points d’Eau (le SNAPE) soutient les communes dans la mise en œuvre de l’accès à une eau potable et à l’assainissement. A l’échelle d’une commune, il appuie une Unité de Gestion du Service Public de l’EAU (UGSPE), soit un comité de gestion, dans la gestion quotidienne de l’ensemble des points d’eau quels qu’ils soient. Agréée par la préfecture, une UGSPE est en charge de la vente de l’eau au volume, encadre les exploitants s’il y en a, ainsi que la maintenance et le dépannage via potentiellement des prestataires externes. A Maci, il a été décidé par les habitants que chaque comité de gestion (UGSPE) serait doté d’un ou de plusieurs artisans-réparateurs (plombiers principalement) et de conseillères à l’hygiène. Ces dernières ont à leur charge la sensibilisation des populations au bon usage de l’eau et aux bonnes pratiques d’hygiène.

* PMH = pompes à motricité humaine

Avant notre départ, nous décidons de former deux duos pour être plus efficaces. Christian et Oumar Bella Bah, bénévole WOAG, s’occuperont de la partie technique. Bilguissou Bah, présidente de Women Of Africa Guinée et moi, Marie, nous chargerons de l’appui aux comités de gestion et conseillères à l’hygiène. Un autre bénévole de WOAG, Djibril Mariama Diallo, nous a grandement aidé à préparer les supports et contenus en amont. Malheureusement pas disponible pour se joindre à nous, il nous rendra visite le premier jour pour nous aider à finaliser la préparation. Enfin, notre chauffeur, Amadou Bah se joindra finalement au duo Bilguissou/Marie pour nous aider dans nos tâches – un nouveau bénévole pour Women Of Africa Guinée ?

A Maci-Centre, la réception provisoire comporte deux réserves importantes : les latrines doivent être améliorées avant ouverture au public et le forage existant a un débit très inférieur à celui qui était attendu. Entre deux formations des plombiers et artisans-réparateurs de Maci, Christian essaie de trouver une solution pour pallier ce défaut d’approvisionnement. Côté comité de gestion, l’organisation est un peu en retard à Maci-Centre ; nous décidons alors de passer le maximum de temps possible sur place pour les aider à être opérationnels au plus vite. En parallèle, la commune décide d’aider davantage ses membres en leur dédiant une partie de l’emploi du temps d’un de leurs employés communaux, Thierno Souleymane, qui est plus que ravi de se joindre également au projet.

Christian qui forme les plombiers et artisans-réparateurs de la commune

Lecture de compteurs à Ley Thangué

Borne-fontaine du marché de Maci

A Ley Thangué, l’eau coule à flot aux bornes-fontaines et Christian réceptionne un réseau opérationnel. La localité a créé un comité adapté à ses réalités et qui fonctionne déjà. Les habitants ont ainsi décidé de mettre en place un comité de gestion sous une forme associative où aucun des membres, y compris les fontainières, n’est rémunéré. La création de l’association s’inscrit dans un projet plus large de développement de la localité, bien moins étendue que Maci-Centre et plus rurale. Les sommes récoltées permettront de financer, au-delà des provisions pour les éventuelles réparations, changement de matériel, nécessaires et prévus dans la vie d’un réseau d’adduction en eau potable, diverses actions comme l’achat d’un ordinateur pour suivre plus aisément l’évolution des consommations et du fonctionnement du réseau ou, à terme, des extensions du réseau. Par ailleurs, de nombreux projets sont développés localement pour aider les femmes à trouver des revenus supplémentaires (mise en place d’un compost, programme d’alphabétisation etc.). Cette partie de Maci se considère comme “une famille”, “une communauté” solidaire et pour le président de l’association “cette eau, nous aidera à nous unir”.

Séance de travail avec le comité de gestion de Maci-Centre

Séance de travail avec le comité de gestion de Ley Thangué

Pour les deux comités de gestion, les séances de sensibilisation au bon usage de l’eau et aux bons gestes d’hygiène se passent très bien. Le président du comité de gestion de Ley Thangué est l’ancien directeur de l’école. En plus de nous aider à traduire certains passages difficiles, il nous abreuve d’exemples concrets qui améliorent grandement la qualité de notre séance de sensibilisation ! Nous décidons alors de la revoir entièrement avec lui pour l’améliorer. Cette formation sera donc désormais une formation « made in » Aquassistance, WOAG & Ley Thangué !

Château d'eau de Ley Thangué

Même si nous sommes venus pour un projet eau, notre passion égale pour les projets déchets nous anime sur le terrain. Tout comme chez nous et dans de nombreux pays, la production de déchets non valorisés des ménages est galopante et ces derniers envahissent les espaces naturels et urbains. Un soir, alors que nous avions terminé notre journée en avance, nous décidons de commencer à travailler sur un projet local de réduction et ramassage des déchets avec WOAG. Équipés de nos gants de travail, nous testons un protocole de collecte et qualification des déchets ramassés.

Après 12 jours dans le Fouta-Djalon, nous devons rentrer. Le réseau d’adduction en eau potable de Ley Thangué, UGSPE compris, est opérationnel. Pour Maci-Centre, des ajustements techniques seront nécessaires, tout comme un suivi plus appuyé du comité de gestion. Nous continuerons donc à accompagner la commune et le projet quotidiennement à distance et sur place autant que nécessaire.

Ces journées de travail bien remplies en commun, d’entraide franco-guinéenne nous ont permis d’améliorer collectivement le projet. Confronter nos avis, points de vue, idées, découvrir nos cultures respectives, nous a tous enrichis personnellement et professionnellement, un projet de coopération au sens propre du terme !