Hommage à René Lecomte

C'est avec émotion et tristesse que nous vous annonçons la disparition d'un de nos adhérents et bénévoles les plus impliqués, René Lecomte, à l'âge de 82 ans.

René était plus que cela, car il compte parmi les 39 membres fondateurs d'Aquassistance, signataires de l'acte de fondation de l'association en 1994. Il a été aussi un des chefs de projet les plus compétents et persévérants, qui a effectué au total 15 missions, dans 4 pays (Albanie, Mauritanie, Mali, Togo).

Et comme René avait du talent pour l'écriture, nous partageons ci-après un de ses textes, un dialogue avec l'Eau.

L’Eau

Par René Lecomte

- Bonjour, je m’appelle L’Eau. Je fais partie d’une grande famille.

On nous voit dans les rivières, les marigots, les mers et océans.

- Pourquoi êtes-vous si nombreux, trop nombreux parfois par endroit et absents dans les déserts ?

- Nous sommes de grands voyageurs, mais nous ne sommes pas libres de nos parcours. Ils dépendent des saisons, du temps, trop souvent de l’homme qui nous oblige à des chemins dangereux.

- Je ne te comprends pas.

- Si tu remplaces un champ ou une forêt par des maisons, nous allons trop vite et nous faisons des inondations. Mais heureusement, quand l’homme irrigue des champs, nous lui sommes très utiles.

- Tu dis que vous êtes de grands voyageurs ?

- Eh oui ! Quand il fait chaud, nous montons dans le ciel pour faire les nuages. Nous redescendons sur terre avec la pluie. Nous retournons dans les rivières, la mer, les lacs, ou nous nous cachons dans le sol. Nous sortons par les sources ou l’homme nous fait revenir à la surface avec des puits, des forages.

- Tu vois donc beaucoup de choses ?

- Oui, nous faisons partie de la nature et nous l’aidons. Les arbres et les plantes nous aspirent avec leurs racines pour grandir. Les animaux nous boivent. Les hommes nous utilisent pour la cuisine.

- On t’aime beaucoup alors !

- On devrait et pourtant on nous maltraite.

- Non !

- Si. Quand on nous oublie dans un coin, où nous nous endormons, les moustiques et d’autres insectes se développent. Ils vous piquent et vous donnent des maladies.

- Tu ne dois jamais être au repos alors ?

- Si, mais pas dans des petites mares, ou au fond de poteries, dans des endroits cachés.

- Tu dis que l’homme te maltraite. Ce que tu viens de dire, ce n’est pas toi qui es maltraité mais l’homme.

- Attends, je t’explique. Je comprends que l’homme nous salisse pour faire la lessive ou sa toilette. S’il ne nous jette pas n’importe où, je me nettoie facilement. Mais quand il fait ses besoins n’importe où, c’est toute ma famille qui devient malade. Il faut utiliser les latrines, c’est mieux pour moi.

- Et encore ?

- Jeter ses ordures dans la nature, utiliser trop d’engrais ou d’insecticides dans les champs me rend très malade et l’homme doit me torturer dans des usines pour me soigner.

Et puis, quand je suis malade, je transporte des voyageurs clandestins, des microbes, des bactéries qui vous apportent beaucoup de maladies, et j’en souffre aussi.

- Pauvre eau, tu veux être notre ami, mais nous t’entendons mal. Il faut mieux te protéger pour toi et pour nous.

Au revoir, je te souhaite de bons voyages !